Conseils d’éducation : éviter les conflits entre chiens attachés

Vous l’avez peut-être remarqué, de nombreux chiens ont des comportements différents selon s’il se trouve en laisse ou détaché. Parfois, un chien en laisse peut avoir des comportements conflictuels envers ses congénères, alors que tout se passe bien quand il est en liberté. Que vous soyez propriétaire d’un chien concerné ou non, voici quelques conseils pour minimiser les risques lors des promenades.

Lorsque que votre chien est en laisse, il faut éviter qu’il “dise bonjour aux copains”. Il est totalement déconseillé de mettre nez à nez deux chiens dont au moins l’un est attaché ! Cela accentue les risques d’agression pour 3 raisons :

  • La tension de la laisse se transmet au chien : plus la laisse est tendue, plus le chien est tendu.
  • La proximité du chien à son maître peut le rendre plus sûr de lui.
  • Le chien n’est pas libre de ses mouvements donc la communication est entravée et il peut se sentir plus vulnérable.

Est-ce que cela veut dire que nos chiens ne peuvent jamais se dire bonjour ? Non heureusement, mais il faut faire les choses biens. Typiquement, les étapes clés d’une bonne rencontre sont :

  • Demandez à la personne en face si son chien tolère les rencontres et s’il elle accepte que votre chien s’approche. Et oui, n’hésitez pas à parler avec les gens qui vous entoure, c’est plus poli et cela évite les mauvaises surprises.
  • Si elle refuse, attachez votre chien (s’il ne l’était pas) et faites le tour.
  • Si elle accepte, laissez les chiens se rencontrer de préférence détachés ou en laisse la plus longue et détendue possible. 
  • Observez bien le comportement des deux chiens : sont-ils à l’aise ? Au moment même de la rencontre les chiens peuvent être tendus, mais si l’un des chiens ne se détend pas, coupez l’interaction en appelant votre chien ou en le rattachant et passez votre chemin. Le tout doit se faire dans le plus grand calme et surtout sans courir. N’oubliez jamais que nos chiens s’appuient sur nos propres réactions : si vous-même êtes tendu et excité, votre chien le sera aussi !

Pour qu’une rencontre soit positive, les deux chiens doivent en avoir envie ! Et pour en être sûr, il faut discuter avec les personnes en face et observer les chiens. Ne forcez jamais votre chien s’il n’en a pas envie, car il perdrait confiance en vous et chercherez des moyens de se défaire de ce malaise tout seul, et ça ne termine pas toujours bien… Bien entendu, chaque chien est unique et il se peut que tout se passe pour le mieux même sans respecter ça. Néanmoins, si vous connaissez votre chien, vous ne connaissez pas forcément celui d’en face.

Outre ce petit protocole, votre placement et vos mouvements ont une importance capitale. Cela vaut pour les rencontres entre chiens attachés mais aussi entre chiens détachés.

Lorsque votre chien en rencontre un autre, avancez devant lui et mettez vous à distance de l’autre propriétaire. Cela permet de créer pour votre chien une “porte de sortie”. En effet, si vous restez derrière votre chien et qu’il a envie de mettre fin à l’interaction, il n’aura pas le réflexe de revenir vers vous car cela signifie se retourner et revenir en arrière. De même, si vous vous placez proche de l’autre propriétaire, les deux chiens en se quittant se retrouvent avec leurs humains au même endroit, et l’interaction reprend. Ainsi, pour permettre à votre chien de mettre fin à la rencontre en revenant vers vous s’il le souhaite, dépassez l’autre humain, prenez de la distance et éloignez vous de l’autre propriétaire.

Avec ces quelques conseils, vous êtes à présent capable d’agir de façon à ne pas aggraver les tensions entre chiens lors des rencontres, et de respecter les besoins de votre chien et des autres.

Conseils d’éducation : la socialisation aux congénères

Avant toute chose, mettons-nous d’accord sur le terme. On parle bien de socialisation et non pas de sociabilisation. La différence vient de la racine de chaque mot. SOCIALisation vient du terme SOCIAL, qui signifie vivre en société. SOCIABILisation vient du terme SOCIABLE qui signifie apprécier la compagnie des autres.

La socialisation, c’est donc l’apprentissage pour votre chiot de la vie avec ses congénères. Et la base de la vie en société, c’est la communication ! Votre chiot a donc besoin à la fois d’apprendre à comprendre ses congénères, mais aussi à s’exprimer pour se faire comprendre.

Cet apprentissage est essentiel, car il permettra à votre chien d’être serein dans ses interactions avec d’autres chiens. Un chien mal socialisé peut devenir peureux, anxieux, être agressé ou agresser lui-même, ou avoir une mauvaise gestion de son niveau d’énergie.

La socialisation commence dès la 3ème semaine de vie du chiot, c’est le moment où il commence à s’éloigner de sa mère pour explorer le monde. Jusqu’à son adoption, c’est le travail de l’éleveur de s’assurer que le chiot soit socialisé le mieux possible. L’apprentissage des codes canins se fait principalement avec sa mère, qui doit donc être bien codée et équilibrée.

Une fois le chiot arrivé dans son nouveau foyer, sa période de socialisation continue principalement jusqu’à ses 4 mois. Il est donc indispensable que sa famille prenne à cœur cette période de sa vie dès le départ. Une idée courante dit qu’un chiot ne doit pas sortir avant l’âge de 3 mois pour éviter les maladies. C’est une idée reçue dangereuse pour le développement des chiots.

Pour socialiser son chiot, rien de bien compliqué en théorie : il doit rencontrer des chiens de tout âge, toute race, tout caractère, bref, les plus diversifiés possibles. Cependant, contrairement à ce qu’on peut penser, il ne doit pas en rencontrer un maximum, la qualité des rencontres doit primer sur la quantité ! Au début, organisez des rencontres avec des chiens que vous choisissez, afin qu’il soit compatible avec le caractère de votre chiot. Si votre chiot est vite apeuré, choisissez des chiens calmes et qui sauront respecter ses signaux de détresse. Si votre chiot est très énergique et a tendance à ne pas écouter, choisissez des chiens qui pourront l’ignorer, pour lui apprendre à se balader sans jouer. Dès que votre chiot commence à acquérir de bons codes sociaux, élargissez les profils de chien qu’il rencontre.

Résistez à la tentation des parcs canins et des balades collectives avec plus de 3-4 chiens ! Ce n’est pas fondamentalement mauvais, mais c’est la façon dont on les gère qui est en fait contre-productive en termes de socialisation. Souvent, les humains se rassemblent, lâchent entre eux les chiens, et papotent en se réjouissant que leurs poilus jouent ensemble et s’épuisent pour le reste de la journée.

Mais qu’est-ce que votre chiot apprend ? Il apprend que voir des congénères c’est forcément jouer avec, souvent de façon anarchique, il apprend que s’il se fait harceler tant pis pour lui, il apprend que s’il ne veut pas respecter les demandes des autres ce n’est pas bien grave. Mais si les chiens entre eux peuvent jouer, interagir de façon saine c’est aussi marcher côte à côte, se suivre, renifler les mêmes odeurs, ou tout simplement s’ignorer, autant de choses que vos toutous n’apprennent pas à faire lorsqu’ils sont en groupe trop nombreux, et encore moins lorsque cela se passe de façon statique dans un parc.

La collectivité peut être efficace, mais quelques règles doivent être respectés :

  • Les groupes de plus de 4 chiens doivent être évités, ou alors gérés de façon à ce que tous les chiens ne soient pas tous ensemble en même temps. On évite les groupes uniquement composés de chiot, sauf occasionnellement.
  • Le groupe doit toujours être en mouvement, les chiens communiquent dans le mouvement, être statique n’est pas naturel pour eux et peut nuire à une bonne communication.
  • Chaque humain est responsable de son chien, doit le surveiller et intervenir en cas de besoin. Si un chien est en détresse, il doit être aidé ; si un chien en harcèle un autre, il doit être rattaché le temps de se calmer.

Il est vrai que les chiens apprennent beaucoup les uns avec les autres, mais pas que du positif. La rumeur qui dit qu’il faut laisser les chiens se faire « recadrer » par leurs congénères est à prendre avec des pincettes. D’abord, entendons-nous sur ce que signifie un « recadrement ». Si un chien est insistant avec un congénère, ce dernier peut donner un ou plusieurs signaux signifiant qu’il souhaite l’arrêt de l’interaction. En théorie, chaque signal non respecté donne lieu à un signal plus intense. Dans l’ordre, on peut observer : l’évitement, le détournement de la tête, l’immobilisation, le retroussement des babines, le grognement, le claquement de dent, la morsure.

Un chien parfaitement codé s’arrête dès les premiers signaux, et il n’y a donc jamais de morsure. Mais voilà, c’est de la théorie. Certains chiens ne s’arrêtent pas, et certains chiens sautent des étapes dans cette liste de signaux, ce qui peut donner lieu à des conflits plus ou moins dangereux, et surtout traumatisant pour l’un comme pour l’autre ! Le chien qui s’est fait « recadré » peut très mal vivre l’expérience si le chien « recadrant » n’a pas été cohérent dans ses signaux, et inversement le chien « recadrant » peut être de moins en moins tolérant à force d’être poussé dans ses retranchements.

La socialisation d’un chiot est donc, en pratique, un sujet sensible ! Je ne peux que vous recommander de participer aux maternelles pour chiots et balades collectives encadrés par un cynologiste, afin d’accompagner au mieux votre chiot dans cette période cruciale de sa vie.

Enfin, précisons qu’il existe chez les chiens des introvertis et des extravertis. En grandissant, si pour certains chiens, la vie sociale est un réel besoin, pour d’autres, il peut s’agir d’une corvée si elle est trop intense. Pour faire clair, tous les chiens n’apprécient pas se faire de nouveaux « copains » ! Apprenez à connaitre votre chien pour lui ajuster sa vie sociale à ses besoins, afin que les rencontres avec ses congénères soient en juste quantité, pour rester épanouissantes.

Pour plus d’informations :

Conseils d’éducation : éviter les conflits entre chiens attachés

Conseils d’éducation : stimuler son chien, trouver le bon équilibre