Conseils d’éducation : réguler les aboiements

Réguler les aboiements

Les aboiements sont souvent une source d’énervement et de conflits. Poussant parfois les nerfs de leurs humains à bout, les grands bavards ne sont pas non plus dans le cœur des voisins. Est-il possible d’empêcher son chien d’aboyer ?

Le collier anti-aboiement ne fait pas partie de mes méthodes, il ne sera donc pas abordé ici.

Je vous invite à lire cet article pour comprendre pourquoi.

Autant vous le dire tout de suite, la solution miracle n’existe pas. Vraiment pas. Si quelqu’un vous dit qu’elle existe, il ment, tout simplement.

Mais si la solution miracle n’existe pas, des solutions existent quand même ! Elles seront différentes selon la cause des aboiements et demanderont de l’investissement de votre part.

Commencez par vous demander pourquoi votre chien aboie.

Observez-le : fixe-t-il quelque chose en particulier lorsqu’il aboie (chiens, humains, objets etc) ? Pouvez-vous identifier un déclencheur (bruit, passage etc) ? Quels sentiments expriment-ils en aboyant (peur, joie etc) ?

S’il aboie en votre absence, je vous conseille vivement d’installer une caméra : elle vous permet d’effectuer ce travail d’observation et de vérifier les dires du voisin en cas de conflit de voisinage.

Voici quelques raisons d’aboiements courantes et quelques pistes de travail* : 

Il monte la garde

Garder la maison est un comportement qui a été demandé et sélectionné des années durant, il est impossible de l’éteindre du jour au lendemain. Il sera délicat de travailler sur le fond, c’est-à-dire d’empêcher votre chien de s’intéresser aux passants. Le travail sera plutôt de changer petit à petit la réaction du chien face au stimuli. Une solution possible est le contre-conditionnement : repérez le stimuli qui déclenche les aboiements (bruits dans le couloir par exemple) et apprenez à votre chien à faire autre chose à ce moment (aller au panier par exemple). Petit à petit, récompensez aussi l’absence d’aboiement, qui viendra plus naturellement puisque le chien sera concentré à faire autre chose.

Si vous en avez les moyens, dissimulez le stimuli déclencheur. Par exemple, si le déclencheur est la vue d’un passant, songez à installer un brise vue.

Il s’ennuie

L’aboiement peut être une réelle distraction pour le chien. Dans ce cas, ils ont le malheur d’être très satisfaisant et donc auto-renforçant. Ici le travail de fond est indispensable. Votre priorité sera donc de trouver des occupations pour votre chien : activités masticatoires, kongs fourrés ou fouille de croquette lors de vos absences, et si possible augmenter les activités en votre présence (promenades, activités de réflexion, rencontres congénères, sports etc). Vous pouvez aussi faire garder ou sortir votre chien par un proche ou un professionnel.

Il souffre d’anxiété de séparation

Si votre chien ne supporte pas rester seul (ou sans une personne en particulier), il peut aboyer pour évacuer son stress ou en espérant faire revenir la personne qui lui manque. Dans ce cas, c’est en travaillant sur le fond (le stress d’être seul) que vous résoudrez le problème.

Il a peur

Certains chiens peuvent aboyer lorsqu’ils ont peur (à l’inverse des chiens qui se sauveront). Lorsque la source de la peur est un chien ou un humain, cela peut vite devenir ennuyant. Dans cette situation, vous aurez la forme et le fond à travailler en parallèle : apprendre à votre chien à exprimer sa peur différemment (travail sur la forme), et bien évidemment désensibiliser le chien à la source de la peur (travail sur le fond).

Il est frustré

Votre chien peut aboyer lorsqu’il voit un chien mais ne peut pas aller à sa rencontre par exemple, c’est peut-être signe qu’il ne gère pas bien sa frustration. Vous ne pourrez pas l’empêcher d’être frustré, mais vous pouvez rediriger l’attention du chien sur autre chose (jeux ou récompenses, renforcer votre relation). Il faudra aussi travailler le contrôle de ses émotions.

Il joue

Certains chiens expriment leurs émotions lors du jeu par l’aboiement. Votre chien s’exprime, tout simplement. C’est, selon moi, la source d’aboiement la moins problématique. Le mieux est de l’accepter et d’en rire (si on vous regarde de travers, dites simplement « c’est un grand bavard ! », ça fera souvent sourire). Mais si c’est réellement problématique, seul le travail de la forme est possible (on n’empêchera pas le chien de jouer). Pour cela, arrêter le jeu lorsqu’il aboie, et récompensez le silence. Privilégiez le jeu dans les lieux et les moments compatibles avec le bruit (parc, forêt, la journée etc).

DANS TOUS LES CAS

Vous ne rendrez pas votre chien muet. Certains chiens aiment vraiment aboyer, il sera pour ceux là judicieux de les inciter à aboyer dans des lieux et moments convenables pour tout le monde (lors des balades par exemple).

Vous pouvez apprendre à votre chien le « chut ». Pour cela, lorsqu’il aboie, placez une récompense sous son nez et dites « chut » lorsqu’il se tait pour sentir la récompense, puis donnez-lui. Si les moments où il aboie ne sont pas adaptés à ce travail, apprenez-lui à aboyer sur commande, pour le faire aboyer puis taire dans une situation où il aura le contrôle de lui-même. 

Enfin, l’utilisation du clicker facilite grandement les apprentissages liés à l’aboiements. Renseignez vous sur la méthode, chargez votre chien** et clickez les moments de silence face au déclencheur de l’aboiement. Par exemple, mon chien aboie pour un bruit dans le couloir : clickez lorsque vous entendez un bruit avant que votre chien ne se mette à aboyer, une fois qu’il se tait ou entre deux aboiements. C’est un travail qui demande d’être attentif et réactif, mais qui est très efficace !

Vous l’avez bien compris, il est tout à fait possible de résoudre les problèmes d’aboiements de son chien à l’aide de méthodes positives, qui auront en plus l’avantage de travailler sur le fond ! Mais elle demande du temps et de l’investissement.

Je vous conseille largement de vous faire accompagner par un professionnel, qui vous aidera à rapidement comprendre la cause des aboiements et à mettre en place un travail adapté et efficace. Il n’y a pas de honte à se faire aider, ça ne viendrait à l’esprit de personne d’essayer de diagnostiquer sa maladie tout seul, alors faites confiance aux professionnels (mais choisissez le bien) comme vous faites confiance à votre médecin !

*Notez que je distingue le travail sur le fond = la source de l’aboiement, du travail sur la forme = l’aboiement en tant que réaction

**le chargement est la première étape du clicker training. Elle désigne la phase pendant laquelle le chien apprend la signification du cliker. Elle est terminée lorsque le chien associe systématiquement le bruit du clicker à la récompense. On dit alors que le chien est chargé.

Pour en savoir plus :

Le débat : les colliers anti-aboiements